MIDI MINUIT FANTASTIQUE N°1O-11

Publié le par escofier eric

MMF : Il y a une différence très nette entre Jack Asher et votre ancien directeurde la photographie, Arthur Grant?

Terence Fisher : Oui bien sûr. Ils sont des idées très différentes - presque opposées - en ce qui concerne la couleur. Asher est un homme terriblement habile pour utiliser les couleurs sur un registre très stylisé. Vous avez vu son travail sur LE CAUCHEMAR DE DRACULA ou LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN. Il n'hésite jamais à juxtaposer des rouges et des verts très soutenus. Et celà se passe très bien. Il peut également créer un climat complètement irréel avec très peu de choses. Il croit au pouvoir dramatique des couleurs. Grant au contraire est très sage, moins expresionniste, si vous voulez.

MMF: Que pensez-vous des films américains d'épouvante?

Terence Fisher : La plupart sont franchement mauvais. L'espris américain s'accommode très mal  du mystère, de l'insolite. Ils sont beaucoup plus tournés vers les monstres de  carnaval, très grossiers. Pour être honnête, je dois cependant faire une exception. Dans la série de Edgar Poe que tourne Roger Corman, il y a certains films pour lesquels j'ai énormément de respect.

MMF : Avez-vou eu des problèmes avec la censure?

Terence Fisher : Pas énormément. Il ne me semble pas que les films de  vampires puissent être un mauvais exemple. Il est tout de même beaucoup plus rare de s'identifier à Dracula qu'aux personnages qui occupent l'actualité.

MMF : Vousavez-vu "Peeping Tom"?

Terence Fisher : C'est horrible. Je veux dire sur le plan moral. C'est très bien fait, mais vraiment dur à supporter. Ce personnage est épouvantable. Je crois que ce genre de film est dangereux.

MMF :N'ya t-il pas dans vos films un rite extrèmement cruel qui accompagne les manifestations du "Bien"?

Terence Fisher : En un  certain sens, les procédés de Peter Cushing par exemple sont infiniment plus effroyables que ceux de Christopher Lee. Ce Van Helsing qui ne se promène jamais sans son pieux et son marteau n'est pas précisement une âme sensible. D'une façon générale  la mort du monstre est toujours douloureuse. Le Loup-Garou par exemple avec ce flot de sang et les larmes qui coulent sur son visage, c'est sans doute que tous mes personnages sont humains.

MMF : La trace sanglante des griffes sur son décolleté est suffisament évocatrice. C'est très beau d'ailleurs...

Terence Fisher : La censure n'a rien trouvé à redire et je crois que ce n'était pas vulgaire. J'ai eu quelques prises de bec avec la censurepour TWO FACESOF DR JEKYLL. Ils ne pouvaient pas supporter de voir un homme violer sa propre femme. Mais enfin j'étais dans le vif du sujet. On ne peut pas montrer le Mal sous l'aspect d'un chérubin. Ce qui par contre ne signifie pas que le Mal soit toujours repoussant. Il peut prendre desformes très séduisantes...

MMF : Quelle interprétation de Sherlock Holmes vous semble la plus conforme au modèle : Peter Cushing ou Christopher Lee?

Terence Fisher : Physiquement c'est C.Lee sans aucun doute, mais de point de vue humain, Peter Cushing est beaucoup plus proche de Holmes.

MMF : Personnellement, quiels mythe préférez-vous : Dracula ou Ffrankenstein?

Terence Fisher : Je crois que c'est Dracula. Mais il y a des facteurs vraiment très subjectifs qui entrent en ligne de compte. Par exemple ce n'est pas moi qui ait choisit le sujet du premier FRANKENSTEIN, tandis que je suis entièrement responsable du CAUCHEMAR DE DRACULA. Cependant je crois que le mythe du vampire est infiniment plus poétique, plus tragique aussi. Il n'y a pas de véritable monstre dans DRACULA, il réagit en homme finalement. C'est ni plus ni moins une histoire d'amour. Il semble que l'amour est un élément très important  des films d'épouvante. Non pas comme véhicule de contraste, mais bien comme partie intégrante du drame lui même..

 

Publié dans monstresdelanuit

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article