MIDI MINUIT FANTASTIQUE N°3

Dans ce nouveau numéro 3 du mois de Novembre 1962, un SPECIAL KING KONG est donné à l'honneur de ce grand monstre tant illustré au cinéma.

L'AMI JEAN BOULLET toujours aussi exubérant, se pose cette question divinatoire : "Jonathan Swift serait-il l'auteur de King-Kong car dans son ouvrage "LES VOYAGES DE GULLIVER", il y a un passage dans son récit, où dans un ciel londonnien, un gorille géant s'empare alors d'un voyageur minuscule comme King-Kong s'emparera plus tard de Fay Wray comme une poupée dans sa patte avant de l'emporter surle plus haut bâtiment de la ville!!!! Le récit étant de 1726, SWIFT ignorait qu'il venait d'imaginer la séquence la plus célèbre du cinéma fantastique, la plus importante de l'histoire du cinéma!!!!

KING-KONG FILM SOCIAL,,,,

Les jeunes cinéphiles qui ne connaissent de l'oeuvre de Schoedsack et Cooper que des copies incomplètes (la première bobine ENTIERE n'a jamais étéb projetée en Europe), la plupart du temps caviardée de larges coups de ciseaux (aux séquences les plus violentes, les plus cruelles, les plus érotiques) imaginent mal le retentissement mondial, l'avènenement à l'échelle planétaire, que fut la sortie du film. Aucun public ni en Europe, ni en Amérique n'a vu la séquence légendaire où les marins, tombés dans une gorge du haut de l'arbre-pont secoué par King-Kong sont dévorés par des araignées géantes. Cette séquence jugée trop terrifiante a été coupée dans toutes les copies, même avant la sortie du film. Mais celui qui a vu King-Kong que dans la version incomplète et ignoblement doublée qui est exploitée en France, ignore le vrai début du film : toute une bobine d'une grande beauté picturale et d'une importance psychologique de premier plan.

Dans la version tronquée, le film commence avec Denham et Ann déjàà bord du bateau où tout est près pour le voyage à Skull Island. Dans la version originale, le film commence d'une façon extrêmement réaliste. Dans ce débutpresque documentaire, l'action est située à l'époque du tournage du film - les années de dépression après le krach de WALL STREET. Dans un quartier sordide de New-Ork, nous voyons des gens aux airs distingués, autrefois des grands bourgois, réduits à vendre des pommes dans la rue. Nous voyons des queues de former  devant les soupes populaires, et nous faisons connaissance avec une jeune fille maigre et affamée, Ann (Fay Wray) qui vole un fruit à l'étalage. Le marchand l'attrape et est sur le point de chercher un "cop". Ann a  le bras tordu par le marchant de fuits, pousse un cri de désespoir et nous attendons pour la première fois, cette forte vibration aiguë - le cri d'Ann - qui va devenir un des grands leit-motifs du film. Carl Denham qui se trouve dans le quartier du port, entend ce cri et s'approche de la jeune fille. Il donne un dollar au marchand qui est content de libérer Ann à ce prix. Denham se rend compte que la présence d'une jeune fille  capable de pousser de tels cris de terreur pourrait être un atout de plus pour son film qu'il compte tourner dans l'île mystérieuse. il propose à Ann un job comme actrice. Pour nous compenser de ce début tronqué, beaucoup de plans de Kong avaient été coupés par la censure américaine, ont miraculeusement subsisté dans des copies françaises.  Je pense à des plans d'indigènes piétinés  iou croqués par Kong, quand il rompt la muraille et traverse le village. Manque également en Amérique, mais existe en France, la scène où un matelot se réfugie dans un arbre  pour échapper au tyrannosaurus qui le happe de l'arbre dans sa bouche et le croque voracement.... Plusieurs plans de gens piétinés ou jetés par terre par Kong à New-York existent en France mais pas en Amérique- ainsi que la séquence où Kong effeuille Fay Wray avec une petit air surpris a été coupée aux U.S.A..