MIDI MINUIT FANTASTIQUE N°21

POE-CORMAN

Parmi la cinquantaine de films qu'il réalisa, Roger Corman en tira 8 oeuvres d'Edgar Allan Poe. Cesfilms passent actuellement en ordre dispersé au STUDIO DE L'ETOILE et après "LE CORBEAU" qui est une fantaisie trahissant joyeusement le poête tragique, voici "LA TOMBE DE LIGEIA" le dernieren date dela série (1964). Nous verrons prochainement j'espère "LE MASQUE DE LA MORT ROUGE" mais il est incontestable que "LA TOMBEDE LIGIEA" permet à Roger Corman de parvenir au sommet de ses adaptations des oeuvres du poête américain.

                                                                              SAMUEL LACHIZE de "L'HUMANITE"

de JEAN JACQUES BROCHIER de "MAGAZINE LITTERAIRE"

D'autres adaptations de Poe retaient inédites.... Michel Caen et Jean Claude Romer viennent de combler cette lacune.... les orages apocalyptiques, les fantômes et lescouleurs sanglantes de films de Corman traduisent une certaine vérité d'Edgar Poe : loin de la critique universitaire, le plaisir d'avoir peur devant une histoire affreuse et incompréhensible, et la beauté primitive de voir mettre en scène la peur.

de GILLES JACOB des "NOUVELLES LITTERAIRES"

Dieu sait si j'ai déja dit du mal de Corman dans ses colonnes. Je me demandais s'il n'en finirait jamais de lâcher, faute de miasmes, des fumigènes dans les jambes defantômes déguisés pour le bal des Gad'z'arts. Et tout ce carton-pâte! Et puis tout à coup, voici lesoleil sur la lande, voilà un superbe décor naturel d'abbaye en ruine, la chasse à courre, les piqueurs, leséquipages, un rien de faisandé dans les couleurs, voilà un Corman qui ne bâcle pas devenu grand veneur. Mélange de Ligeia et du Chat Noir, lemeilleur de la série de Poe nous mène comme "L'ENTERRE VIVANT" aux confins indécis de la vie et de la mort, du possible et du surnaturel, dela raison, de la folie, de la volonté dela soumission.

de MICHEL MARDORE du "NOUVEL OBSERVATEUR"

Encore un Corman adapté d'Edgar Poe. Ici traité avec un soin inhabituel, presqu'un renouvellement de forme, sinon d'inspiration. Le soleil et les beaux extétérieurs remplacent lesbrumesdu studio. Vincent Price arbore une mèche byronienne et des lunettes noires qui cachent heureusement ses tics. Les dernières minutes accumulation de délires bravant avec succès le ridicule, enchanteront lesamateurs de baroque.

de CLAUDE VEILLOT de "L'EXPRESS"

Des 8 films tournés par RogerCorman entre 196O et 1964, celui-ci est le dernier en date. C'est également le plusachevé, le plus raffiné, le plus sincère. Ceux qui reprochent à Corman sa désinvolture, ses plaisanteries , son goût de l'effet, son abus defumigènes, netrouveront presque rien de celà dans "LA TOMBE DE LIGIEA". Cette histoire de possession d'une vivante par l'esprit d'une morte, cette lente mais implacable substition d'âmes provoquent une épouvante tout intellectuelle, une peur métaphysique moins sommaires, plus nobles en somme que celles déclanchés par les habituelles apparitions cadavrériques. Poe eût cautionné cette sombre cantate au refus orgueilleux dela mort.

de PIERRE MAZARS "LE FIGARO"

LA TOMBE DE LIGIEA représente une oeuvre à part, aussi bien dans le répertoire du cinéma d'épiuvante que dans la série des films adaptés par son auteur. Car si beaucoup de cinéastes anglais et même italiens ont souvent mieux réussi que lui et de façon moins appuyée, à faire monter l'épouvante dans les salles voutées du château hanté traditionnel, et, si les ses propres ouvrages enfermaient les personnages et nous mêmes dans l'univers du fantastique, Roger Corman se propose ici, une tout autre fin et l'atteint parfaitement. Il cherche, fidèle en celà à l'esprit de Poe, à montrer l'extrême fragilité de la frontière entre le bon sens de la folie, la vie, la mort. D'où ces joviales figures de chasseurs en habits rouges qui, au début, traquent le renard sur levert acide des prairies et cette abbaye en ruine comme la découvriraient des promeneurs. Le décor intérieurui, lui, est reconstitué en studio ne nous surprendra pas plus que la salle secrète du propriétaire....